Le 6 décembre 1989 est inscrit dans la mémoire collective du Canada. Pour le personnel en éducation, une fusillade en milieu scolaire est notre pire cauchemar. Je me souviens d’être revenue à la maison ce jour-là et d’avoir allumé le téléviseur pour écouter les nouvelles. Les reportages de la fusillade apparaissaient à l’écran. Un homme armé était entré dans une salle de classe à l’École polytechnique de Montréal, avait ordonné à tous les hommes de quitter puis a abattu les étudiantes. Pendant les 20 minutes qui ont suivi, il a erré dans les couloirs ciblant seulement les femmes; il en a tiré 28 et tué 14. Ma sœur étudiait à l’université à Montréal à l’époque. Je me rappelle comme si c’était hier de l’angoisse que j’ai ressentie en l’appelant pour m’assurer qu’elle était en sûreté à la maison et de mon soulagement lorsqu’elle a répondu. Ce jour-là, nombreux autres ont perdu une fille, une mère, une femme ou une amie en raison de la violence liée au genre.
Chaque année maintenant, le 6 décembre est un jour pour nous souvenir et commémorer la vie de 14 jeunes femmes qui ont été abattues sous le seul prétexte qu’elles étaient des femmes. Nous nous engageons à prendre les mesures visant à favoriser l’élimination de la violence liée au genre dans nos écoles et nos communautés. Nous nous engageons à promouvoir l’égalité entre les sexes auprès de nos élèves et à encourager une prise de conscience des enjeux importants touchant les femmes dans nos salles de classe et dans nos communautés. Nous commémorons ces 14 jeunes femmes avec des expositions dans nos milieux de travail et invitons le personnel et les élèves de sexe masculin à signer l’affiche de la Campagne du ruban blanc, témoignage de leur engagement à mettre fin à la violence faite aux femmes.
Malgré tous nos efforts, le sexisme reste profondément ancré dans notre culture. Au sud de nous, un misogyne affiché a été élu président. Nous devons continuer à nous élever contre la culture du viol et celle du silence qui dissuadent les victimes de violence de dénoncer et de déposer des plaintes officielles. Nous devons tous nous engager à faire ce que nous pouvons pour mettre fin à la violence contre les femmes.
/Teresa Marrello est enseignante retraitée du District 27, Limestone et a siégé au Comité du statut de la femme.